L’ex sénateur André Dulait mis en examen
Un ancien sénateur LR a été mis en examen dans une enquête sur des détournement de fonds publics
L’ancien sénateur André Dulait a été mis en examen dans l’enquête sur des soupçons de détournements de fonds publics au profit d’élus de l’ex-UMP au Sénat. André Dulait, 79 ans, a été mis en examen le 12 janvier pour « détournement de fonds publics par une personne exerçant une fonction publique » et « recel » de ce délit.
Après notamment les sénateurs Jean-Claude Carle (trésorier historique du groupe) et Henri de Raincourt (ex-président), elle vise André Dulait, un illustre inconnu qui fut tout de même président de la commission des affaires étrangères et de la défense.
Ce septuagénaire issu des rangs centristes, surnommé « sénateur oléoduc » parce qu’il pilotait le groupe d’amitié avec l’Asie centrale (Ouzbékistan, Kazakhstan, etc.), a terminé son ultime mandat en septembre 2014 mais n’est jamais sorti des radars des policiers de la BRDA (Brigade de répression de la délinquance astucieuse) et du juge René Cros (chargé d’instruire ce dossier depuis plus de deux ans avec Emmanuelle Legrand), qui l’a finalement mis en examen pour « détournements de fonds publics » et « recel de détournements de fonds publics ».
C’est qu’André Dulait fut le trésorier de l’URS, une association satellite du groupe UMP au cœur des investigations qui a servi jusqu’en 2014 à récupérer une partie des fonds versés par le Sénat au groupe UMP, théoriquement destinés au travail parlementaire. En réalité, l’argent siphonné par l’URS sous différents prétextes était redistribué en douce, en plus de toutes leurs indemnités légales, à des dizaines d’élus de la République qui en usaient selon leur bon vouloir, y compris pour leur train de vie. André Dulait a lui-même encaissé des chèques pendant des années.
Il s’agit de la cinquième mise en examen intervenue dans ce dossier dont avaient été saisis les deux juges d’instruction après une enquête préliminaire du parquet de Paris.
L’utilité de deux associations en question
Les investigations commencées en 2012 portent sur des sommes remises à des sénateurs, en plus de leur traitement, depuis deux comptes du groupe de l’ex-UMP, et par le biais de deux associations, le Cercle de réflexion et d’études sur les problèmes internationaux (Crespi), que présidait André Dulait, et l’Union républicaine du Sénat (URS), dont il était le trésorier.
Toutes deux alimentées par des fonds du groupe sénatorial, et notamment pour l’URS, à hauteur de 400.000 euros entre 2009 et 2012. Les enquêteurs s’interrogent sur leur réelle, laissant entendre qu’elles n’avaient d’autre raison d’être que le détournement de fonds .
Selon une source proche de l’enquête, André Dulait est notamment soupçonné d’avoir fait remettre à certains sénateurs UMP des chèques de l’URS et d’avoir lui-même bénéficié de fonds.
4.000 euros mensuels pour un autre sénateur LR
Dans cette enquête, les juges s’interrogent sur l’utilisation et la légitimité de ces fonds, alors que les sénateurs perçoivent déjà environ 7.100 euros d’indemnités mensuelles (5.300 euros nets), quelque 6.000 euros par mois pour les frais de mandat (IRFM) et une autre indemnité pour rémunérer leurs collaborateurs.
Contacté par l’AFP, l’avocat de M. Dulait, Me Raphaël Gauvain a écarté toute volonté de « dissimulation »: ces « compléments » issus de la restitution au groupe UMP de « crédits d’assistants non utilisés » visaient à « aider les parlementaires dans leur activité politique nationale ou locale », a-t-il expliqué.
Nous évoquions en 2015 que le sénateur LR de l’Yonne Henri de Raincourt, avait touché quelque 4.000 euros par mois de 2008 à 2011, depuis un compte bancaire du groupe, y compris quand il avait quitté les bancs du Sénat pour être ministre de Nicolas Sarkozy.
Le Sénat fait décidément beaucoup parler de lui: